À LA UNE : Le livre de Jean-Louis Méchali « Improvisations sur papier libre »

Avec son livre qui ouvre une porte aux suivants, il nous plonge instantanément dans une action, un rythme de vie en utilisant une technique propre à lui, à savoir écrire comme on improvise en jazz, sans interruption et sans relecture. Le résultat est juste enivrant et captivant. Une introspection de sa vie dans une vive allure, dans ses voyages, ses créations et ses empreintes.

« De quoi me souviendrais-je ?

De notre terrasse dominant la baie ?

Des perruches, des souris et de la tortue que je cachais en liberté,

dans ma chambre tous les jeudis ?

Le temps poétisé,

Des pique-niques dans la forêt de Sidi-Ferruch,

Où mon père m’apprenait à conduire,

Zigzagant entre les pins ?

Des premiers concerts de jazz,

Salle alors dénommée Pierre Bordes,

Au sortir du tunnels des facultés ?

Des mounas qu’on allait manger le dimanche à Boufarik

Ou des petites merguez, si goûteuses, à Fort-de-l’Eau ?

Du marché Meissonnier, en bas de chez nous,

Ou de mon lycée, en face de Radio Alger ?

Que resterait-il, une fois la porte refermée ?

Que resterait-il, dans six mois, dans trente ans ? ».

Jean-Louis Méchali

Des souvenirs enfouis liés à l’exil, à la famille, des partages avec les amis, avec les autres, avec les cultures, des émotions dans ses créations au Yemen, en Afrique, aux États-Unis, en France … Quelle alchimie littéraire ! Il nous embarque dans des voyages me rappelant Hemingway et des poèmes de Saint-John Perse avec un vocabulaire riche et précis qui rythme en vagues successives les chapitres. Des lieux, des villes, des rencontres…

Entre Alger, Nice, Paris, New-York où chacune de ses nouvelles se déguste comme de délicieuses pâtisseries entremêlées de poèmes qui sont les cerises sur les gâteaux. Des récits aux titres évocateurs comme « Le concert fantôme », « La saga des sacs de ciments », « Du rififi à la douane », « Nestor Solo »… Qui signent tous une vie rythmée, bouleversante et tendre.Cet écrivain est à la fois acteur, observateur, musicien, parfumeur, il assemble les mots en partitions mêlées de poèmes en fragrances.

Il nous fait également partager la construction de chacun comme un sable du temps qui s’écoule en un milliard d’images et de ressentis qui nous construisent. Et si toutes nos vies, en sachant observer leurs métamorphoses, étaient des romans ?

Jean-Louis Méchali signe un livre de 190 pages réussi et sensible, avec des récits d’une vie surprenante qui montre son engagement pour les humains. Des récits mélodiques que seul un musicien peut construire de la sorte, avec une maitrise de son parcours pour en extraire une essence de lui-même en écrivant d’un trait. C’est vif, frais, émouvant, on le lit comme on l’écoute, avec du génie, des notes colorées et de l’humour. Vivement le deuxième !

ÉDITIONS DU PANTHÉON :

https://www.editions-pantheon.fr/catalogue/improvisations-sur-papier-libre/

Disponible en librairies et sur toutes les plateformes officiels de vente.

Citation : Jean-Louis Méchali, écrivain

Propos : Alexandre Joulia, photographe et rédacteur en chef adjoint AMILCAR MAGAZINE GROUP.

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